Si vous me suivez, vous savez à quel point j’écris sur la technologie et son impact sur l’économie, la société, voire sur n’importe qui.
Analyser la dynamique des innovations technologiques est un véritable plaisir intellectuel et, franchement, presque une obsession.
Mais lorsque j’ai entendu parler de la dernière itération d’OpenAI, ChatGPT, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir à ce sujet de manière personnelle. Et si mon métier – écrire pour vendre – était lui aussi sur le point d’être automatisé ?
Au-delà des promesses marketing, ChatGPT suscite de nombreux débats sur la rédaction de contenu qui méritent d’être clarifiées. Passons en revue toutes les affirmations à ce sujet.
Les nouvelles capacités de rédaction de ChatGTP
Depuis la sortie de GPT-3, vous avez certainement essayé des services de rédaction d’IA comme Jasper ou Copy AI. Et vous avez peut-être aussi été emportés – comme moi – dans le cycle d’emballement propre à chaque innovation technologique. Cela nous semble très excitant au début, puis finalement plutôt surcoté.
Et c’est à peu près ce que l’on pourrait dire de GPT-3 rétrospectivement. Aussi impressionnants que soient les compétences de GPT-3, il n’y a pas grand-chose à en tirer d’un point de vue professionnel. Les écrits de GPT-3 sont incohérents, partagent des faits, des noms ou des chiffres inventés, et ne peuvent même pas présenter un argument de plus d’une phrase. En bref, il n’y a pas vraiment de quoi s’inquiéter.
Maintenant que ChatGPT vient d’être lancé, tout le monde partage des échantillons étonnants, et on se demande à nouveau : est-ce que cette fois-ci c’est la bonne ? Est-ce qu’une IA est enfin à la hauteur d’un rédacteur professionnel. Et pour l’instant, de nombreux faits pointent de plus en plus dans cette direction.
Par rapport à GPT-3, ChatGPT présente des avancées remarquables :
1. Un style d’écriture fluide, clair et engageant
ChatGPT présente des formulations claires et faciles à lire. Le ton semble souvent plus formel et redondant qu’il ne devrait l’être, mais il attire définitivement l’attention des lecteurs. Ses textes peuvent sembler encore plus impressionnant si vous lui demandez de s’exprimer dans une voix plus originale (poèmes, copywriting, fiction…).
2. Une capacité impressionnante à chercher l’information
GPT-3 n’était pas si mauvais pour rassembler des faits afin de répondre à une question. Mais ChatGPT place la barre beaucoup plus haut. Lorsque vous posez des questions sur des sujets sophistiqués comme l’histoire de la Grèce ou les problèmes environnementaux, il peut synthétiser des milliers d’articles pour vous livrer les bonnes idées. Ce qui est encore plus remarquable, c’est qu’il peut répondre à des questions impliquant des domaines sans lien entre eux.
Par exemple, vous pouvez lui demander d’établir des analogies entre des livres, de faire des comparaisons entre des personnes ou de rechercher des questions philosophiques. Toutes les capacités singulièrement humaines sont maintenant reproduites par un robot – c’est fou ! Cette capacité explique pourquoi les enseignants s’inquiètent de voir les élèves les utiliser pour faire leurs devoirs (ils ont déjà attribué de bonnes notes à des dissertations générées par l’IA).
3. Des réponses qui s’adaptent à des requêtes complexes
ChatGPT a été conçu non seulement pour fournir des réponses mais aussi, comme son nom l’indique, pour chatter. OpenAI a entraîné un modèle appelé InstructGPT par le biais de retours humains, ce qui permet maintenant à ChatGPT d’engager une discussion.
Il n’est donc pas étonnant qu’il puisse s’adapter avec fluidité aux requêtes et se souvenir de ce que vous avez dit précédemment. Il peut comprendre des questions formulées différemment et fournir des réponses personnalisées. Les connaissances affichées par Chat GPT peuvent encore être génériques et manquer d’exemples spécifiques, mais c’est tout de même un énorme pas en avant.
4. Des raisonnements plus cohérents
C’était le point faible de GPT-3 : il ne gardait pas trace de ses propres idées et raisonnements. Trois phrases plus tard, il pouvait défendre une affirmation qu’il réfutait auparavant.
En revanche, ChatGPT peut soutenir de longues chaînes de raisonnement et fournir des raisons et des explications claires pour ses idées. Comme il peut mémoriser jusqu’à 3 000 mots, il peut écrire des dissertations approfondies avec des arguments solides et de multiples sous-propositions pour exposer son point de vue.
Toutes ces nouvelles capacités sont-elles suffisantes pour remettre sérieusement en question les métiers de la rédaction de contenu ? Il y a beaucoup de choses à considérer.
Les limites cognitives de ChatGTP
Aussi impressionnantes que soient les capacités de ChatGPT, tout porte à croire que les rédacteurs professionnels joueront encore un rôle important. Et c’est normal, car les modèles de langage naturel ne disposent pas encore pas de capacités cognitives humaines- flexibles et créatives.
Mais disons que le match devient de plus en plus équitable. À l’ère de ChatGPT, les rédacteurs humains apporteront toujours une touche unique dans les problématiques suivantes :
1. Fiabilité et recherche de faits
Même si ChatGPT dispose de capacités de recherche de données inégalées (il peut chercher sur tout Internet, après tout), les humains sont incroyables pour filtrer les informations et trouver les idées les plus pertinentes. De plus, ils savent comment faire des recherches appropriées et trouver des sources pour étayer leurs idées.
Ce n’est pas le cas de ChatGPT, qui est souvent générique et ne peut pas encore fournir de références et de sources fondées. Il lui manque encore la fiabilité indispensable à un contenu scientifique, politique et de marque.
2. Créativité
Lorsque l’on jette un coup d’œil au fonctionnement interne de ChatGPT, on constate qu’il n’y a rien de magique. Il recherche essentiellement un contenu spécifique par mot-clé et combine tous les textes pertinents sur le sujet.
Cela implique d’énormes limitations : ChatGPT ne peut pas construire de nouvelles connaissances, créer de nouvelles idées et offrir de nouvelles perspectives. Si un jour, nous, les humains, cessions de publier des choses sur l’internet, ChatGPT conserverait les mêmes éléments d’information existants.
C’est ce qui le différencie des rédacteurs professionnels. Peu importe le nombre de fois qu’un sujet a été abordé, les rédacteurs expérimentés peuvent toujours apporter de nouvelles perspectives et de nouveaux points de vue. Ils peuvent s’appuyer sur de nouveaux éléments d’information, des opinions, des événements, ou même leurs propres idées, pour aborder un sujet différemment.
3. Intelligence situationnelle et bon sens
Ce manque de créativité s’explique aussi par l’ignorance du monde qu’a ChatGPT. En tant qu’humain, nous ne faisons qu’un avec un environnement dans lequel nous visualisons et simulons chaque résultat. Nous savons intuitivement qu’une balle va tomber lorsque nous la lâchons ou que notre conjoint peut se mettre en colère si nous rentrons tard.
À partir de cette connaissance simulée mais aussi d’expérimentations, les rédacteurs de contenu peuvent ajouter de nouvelles déductions et des exemples personnels à leurs écrits. Ils peuvent se baser sur des expériences et des scénarios de type « et si ? » pour paraître plus proches et spécifiques.
Malheureusement, ChatGPT ne s’appuie pas sur une base de connaissances définie et ne peut donc pas faire apparaître des idées et des exemples très précis.
4. Intelligence sociale et contextuelle.
L’écriture ne consiste pas seulement à exprimer clairement des idées, mais aussi à tenir compte de toutes les connaissances et attentes sociales implicites. Lorsque nous écrivons, nous le faisons pour quelqu’un, dans un but précis.
Par exemple, nous écrivons pour aider un public spécifique à résoudre un problème persistant, pour convaincre les gens sur un sujet controversé ou pour vendre un produit complexe. En d’autres termes, nous faisons preuve d’intelligence sociale et d’empathie pour comprendre le hors-texte d’une question, fournir des réponses appropriées et faire évoluer les esprits.
C’est là que ChatGPT a fait quelques progrès, mais pas assez. Il peut comprendre littéralement nos questions, mais fournit souvent des réponses superficielles et génériques (encore ce mot). Il génère des réponses que nous pourrions trouver dans un manuel, bonnes pour ce qu’elles sont, mais qui ne plongent pas suffisamment dans les spécificités sociales d’une requête humaine.
Comment faire face à l’IA en tant que rédacteur ?
Comme nous, l’IA a ses propres préjugés et ses propres limites. Alors que le contenu généré par l’IA devient la norme, cela signifie que les rédacteurs peuvent encore faire une grande différence. Il existe cinq façons de rester pertinent en tant que rédacteur à l’ère de l’IA :
1. Améliorez vos compétences en matière de « prompting »
Vos concurrents utiliseront l’IA, alors pourquoi pas vous ? Les services générés par l’IA sont une bénédiction pour les rédacteurs professionnels qui peuvent ainsi générer des phrases accrocheuses sans effort. Mais pour bénéficier d’une productivité multipliée, vous devez savoir comment les utiliser. Et cela passe par vos compétences en matière de « prompting ». Apprenez à poser les bonnes questions pour générer les meilleurs morceaux de texte.
2. Renforcer vos capacités de recherche et de filtrage.
Il est plus que jamais temps d’approfondir vos recherches et d’inclure des références faisant autorité dans vos écrits. Les citations et les sources citées de ChatGPT sont encore trop peu fiables.
En reliant vos idées à des références précises, en ajoutant des chiffres parlants ou en commentant le travail d’auteurs reconnus, vous démontrez que vous pouvez comprendre la complexité de la pensée d’un autre être humain. Vous montrez que vous n’avez pas peur de confronter vos idées à celles des autres et de mettre votre crédibilité en jeu.
Vous prouvez qu’on peut se fier à votre pensée humaine et complexe.
3. Ancrer votre écriture dans une connaissance incarnée du monde.
Contrer la nature omnisciente de ChatGPT n’est pas aussi difficile qu’il y paraît. Tout d’abord, cela implique de s’appuyer sur la seule chose qu’une IA ne possède pas : un esprit incarné.
En vous appuyant sur des connaissances et des expériences propres à vous en tant qu’être sensible et humain, vous pouvez enrichir vos écrits de points de vue uniques. Vous pouvez imaginer de nouvelles expériences de pensée, pousser vos déductions encore plus loin et simuler de nouveaux résultats inattendus sur le papier.
4. Ajoutez des détails personnels dans vos écrits.
Le quatrième conseil découle du troisième. Pour faire preuve d’humanité, vous pouvez faire appel à votre expérience personnelle. Vous pourriez en dire plus sur votre personnalité et vos opinions profondément ancrées, et partager des histoires à la première personne.
Plus votre message sera cohérent et personnel, plus vous vous démarquerez des robots génériques. Vous signalez à chacun de vos lecteurs que, d’une certaine manière, vous vivez dans la même peau qu’eux.
5. Considérer les attentes sociales derrière l’écriture.
Nous écrivons toujours en pensant à quelqu’un d’autre. C’est l’essence même de l’écriture. Et cela implique de se concentrer sur les besoins et les attentes de votre public.
Quelle est leur situation de vie, leurs luttes quotidiennes et leurs aspirations profondes ? Comment pouvez-vous les aider et les faire se sentir différents ?
En entrant dans leur tête et en leur fournissant exactement ce dont ils ont besoin, vous vous démarquez d’une foule de robots génériques. Vous apportez un soutien individualisé et des conseils de vie uniques.
ChatGPT représente une nouvelle étape dans l’évolution de l’intelligence artificielle, mais aussi dans l’évolution humaine. La créativité, la personnalité et l’empathie des rédacteurs professionnels vont gagner en valeur !